[CONSEIL METROPOLITAIN] 20190930 // André Gachet // Prévention et lutte contre la pauvreté

Délibération 3732 – Conseil du 30 septembre 2019 Prévention et lutte contre la pauvreté
Monsieur le Président, Cher.e.s Collègues,
Le 24 juin dernier, nous avons voté un beau texte, un programme si complet que l’on pourrait presque penser qu’il se passe de commentaires.
Aujourd’hui nous allons en faire avancer la déclinaison pratique avec l’attribution d’une série de subventions aux associations qui agissent au quotidien pour lutter contre l’exclusion et la pauvreté.
Nous ne pourrons cependant juger de la qualité de nos orientations qu’en les confrontant à la réalité vécue par nos concitoyens les plus fragiles, les plus vulnérables.
Lorsque je parle de nos concitoyens, je pense bien entendu à l’ensemble de celles et ceux qui vivent dans notre métropole, quelles que soient leur origine et leur ancienneté dans nos territoires.
Lutter contre la pauvreté c’est avoir le souci de l’intérêt général, car ce qui affecte les plus petits rejaillit aussi sur les autres. Ainsi, nous devons toujours rechercher la valeur sociale ajoutée par les actions en direction des plus pauvres. Une valeur sociale qui se décline en coûts évités bien sûr mais aussi en gains directs en matière de cohésion sociale. Sortir de la rue apporte quelque chose à la personne qui en bénéficie mais également à un environnement qui s’en trouve apaisé. L’accès à un emploi, c’est une personne qui retrouver une vie normale, mais c’est aussi un citoyen qui contribue à la richesse collective. Accéder aux soins, c’est un malade qui s’en porte mieux et c’est souvent une vie familiale qui retrouve un équilibre.
Lutter contre la pauvreté c’est en quelque sorte enclencher une forme de ruissellement inverse de celui qui nous est trop souvent présenté. Oui, sortir de la pauvreté est un regain de richesse pour l’ensemble de la société.
Le Plan métropolitain a défini une série de perspectives que nous devons approcher sous l’angle des défis majeurs sur lesquels nos efforts doivent se diriger maintenant.
Le croisement de compétences de plus en plus complexe pose la question de la cohérence des interventions. L’efficacité ne peut trouver sa place dans la querelle du qui-fait-quoi.
Nous savons aussi que ce n’est pas l’addition des acteurs qui fait l’efficacité, Assurer le suivi et l’accompagnement des personnes c’est en premier lieu pouvoir prendre le temps de la rencontre.
Or aujourd’hui ce temps n’est pas donné. Il n’y a pas un service aujourd’hui qui puisse se réjouir de disposer d’une temporalité susceptible de garantir la sérénité du travail et donc son efficacité.
Le temps c’est de l’argent, certes. C’est aussi la disponibilité d’esprit dans un accueil parfois difficile, conflictuel, un accueil qui vous accompagne jusque dans votre vie privée parce que la confrontation aux difficultés des plus vulnérables vous suit jusque chez vous, lorsque vous rentrez le soir,
Ce point ne relève pas de la sensiblerie mais de la réalité du travail social confronté à la grande pauvreté. Permettez-moi d’ajouter que pour répondre aux difficultés, au mal-être parfois, de celles et ceux qui affrontent sans moyens de répondre les situations les plus difficiles, il faut ajouter des temps de parole et d’échange qui doivent impérativement faire partie de l’organisation du travail.
La tentation d’élever les seuils d’admission évoquée par certains pour faire baisser la pression sur les travailleurs sociaux relève d’un orientation dangereuse. Cacher la misère ne la fait pas disparaître. Ce n’est certainement pas l’objectif poursuivi par la Métropole, et nous pouvons nous en féliciter.
Le temps c’est ce qui manque le plus lorsque vous devez donner à une personne en difficulté la possibilité d’exprimer la totalité de ses problèmes. Car c’est souvent au terme d’une lente mise en confiance et d’une maturation dans la relation qui permet de dépasser l’urgence de l’instant que vont ressortir des éléments essentiels pour comprendre et orienter, parce que derrière la première attente exprimée, il y a le plus souvent une autre qui explique la première.
Le temps c’est ce qui manque le plus lorsqu’il l’accompagnement doit se contenir dans la mesure qui n’est qu’un moyen technocratique de répondre à un problème humain.
Pour toute ces raisons, les questions de coordination, de cohérence des interventions ne trouveront de réponse que dans l’organisation du temps et la mise à disposition de l’ensemble des femmes et des hommes qui interviennent au quotidien au nom de la Métropole auprès des publics les plus fragiles de davantage de moyens pour prendre soin de celles et ceux qui les sollicitent.
La fracture sociale que dénonçait le Président Chirac en 1995 est loin d’être réduite et cela reste un défi pour la Métropole.
Je tenais à partager ces quelques réflexions avec vous, maintenant compte tenu de mon implication dans certaines associations visées par cette délibération je ne participerai pas au vote.
Je vous remercie pour votre attention